LES enfants de l’île étaient libres. Ils mangeaient ce qu’ils voulaient quand ils voulaient, mais ils ne trouvaient à leur disposition, partout, que des nourritures simples et saines. Ils dormaient où ils voulaient, il y avait toujours pour eux des chambres ouvertes, près de leur mère ou loin d’elle. Certains revenaient chaque soir se blottir auprès d’elle, d’autres s’endormaient n’importe où, où ils se trouvaient, quand la fatigue et le sommeil les abattaient. La plupart dormaient dans le jardin, près d’un ruisseau ou contre un arbre ou une bête tiède.
Des cours étaient donnés en permanence, depuis l’écriture et la lecture jusqu’aux connaissances les plus avancées. On enseignait en même temps les vieux métiers, ceux du bois, de la laine, du fer, tous ceux que l’homme pendant des centaines de milliers d’années avait faits avec ses mains. Apprenait qui voulait, ce qu’il voulait, quand il voulait, selon ses désirs et ses affinités. De jeunes génies commençaient à se révéler. Des garçons de vingt ans ne savaient pas encore écrire. Ils avaient bien le temps… Les uns et les autres étaient heureux. On n’entendait jamais un enfant pleurer.